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limande blessée. Voici votre vieux Bill Barley… Soyez tous bénis… oh ! soyez tous bénis !… »

Herbert m’apprit que l’invisible Barley conversait avec lui-même jour et nuit, en manière de consolation, ayant souvent, quand il faisait jour, l’œil sur un télescope, qui était ajusté sur son lit, pour lui permettre de surveiller le fleuve.

Je trouvai Provis, confortablement installé dans ses deux petites chambres, en haut de la maison ; elles étaient fraîches et bien aérées, et on y entendait beaucoup moins M. Barley qu’au-dessous. Il n’exprima nulle alarme, et parut n’en ressentir aucune qui valût la peine d’être mentionnée ; mais je fus frappé de son adoucissement indéfinissable ; je n’aurais pu dire alors comment ce changement s’était opéré, et dans la suite, quand je l’ai essayé, je n’ai jamais pu me rappeler comment cela avait pu se faire ; mais c’était un fait certain.

Les réflexions que m’avait permis de faire un jour de repos avaient eu pour résultat ma détermination bien arrêtée de ne rien lui dire à l’égard de Compeyson ; car d’après ce que je savais, son animosité contre cet homme pouvait le conduire à le chercher, et à précipiter ainsi sa propre perte. En conséquence, quand Herbert et moi fûmes assis avec lui devant le feu, je lui demandai avant tout s’il s’en rapportait au jugement et aux sources d’information de Wemmick.

« Ah ! Ah ! mon cher ami, répondit-il, avec un grave signe de tête, Jaggers le connaît.

— Alors j’ai causé avec Wemmick, dis-je, et je suis venu pour vous dire quelle prudence il m’a recommandée et quels conseils il m’a donnés. »

Je le fis exactement, avec la réserve que je viens de dire, et je lui appris comment Wemmick avait entendu