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l’argent contenu dans le portefeuille que je n’avais jamais ouvert.

Je la regardai avec plaisir et admiration, quand tout à coup le grognement redevint un rugissement, et on entendit à l’étage au-dessus un effroyable bruit, comme si un géant à jambe de bois essayait de percer le plafond pour venir à nous. Sur ce, Clara dit à Herbert :

« Papa me demande, mon ami ! »

Et elle se sauva.

« Voilà un vieux gueux que vous aurez de la peine à comprendre, dit Herbert. Que croyez-vous qu’il demande, Haendel ?

— Je ne sais pas, dis-je, quelque chose à boire.

— C’est cela même ! s’écria Herbert, comme si j’avais deviné quelque chose de très-difficile. Il a son grog préparé dans un petit baril, sur sa table. Attendez un moment, et vous allez entendre Clara le soulever pour lui en faire prendre. Là ! la voilà ! »

On entendit alors un autre rugissement, avec une secousse prolongée à la fin.

« Maintenant, dit Herbert, le silence s’étant rétabli, il boit… Puis le grognement ayant encore raisonné dans la poutre, il est recouché, » ajouta Herbert.

Clara revint bientôt après, et Herbert m’accompagna en haut pour voir l’objet de nos soins. En passant devant la porte de M. Barley, nous l’entendîmes murmurer d’une voix enrouée, dans un ton qui s’élevait et s’abaissait comme le vent, le refrain suivant, dans lequel je substitue un bon souhait à quelque chose de tout à fait opposé.

« Oh ! soyez tous bénis !… Voici le vieux Bill Barley… le vieux Bill Barley… Soyez tous bénis… Voici le vieux Bill Barley à plat sur le dos, mordieu !… couché à plat sur le dos, comme une vieille