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Ayez soin qu’il n’arrive rien à ses valeurs portatives. »

Désespérant tout à fait de bien faire comprendre à Wemmick mes intentions sur ce point, je lui dis que j’essayerais.

« Il est l’heure, dit Wemmick, et il faut que je parte. Si vous n’aviez rien de mieux à faire jusqu’à la nuit, voilà ce que je vous conseillerais de faire. Vous semblez très-fatigué, et cela vous ferait beaucoup de bien de passer une journée tranquille avec le vieux ; il va se lever tout à l’heure, et vous mangerez un petit morceau de… vous vous rappelez le cochon ?…

— Sans doute, dis-je.

— Eh bien ! un petit morceau de cette pauvre petite bête. Cette saucisse que vous avez grillée en était. C’était sous tous les rapports, un cochon de première qualité. Goûtez-le, quand ce ne serait que parce que c’est une vieille connaissance. Adieu, père ! dit-il avec un air joyeux.

— Adieu, John, adieu mon garçon ! » cria le vieillard, de l’intérieur de la maison.

Je m’endormis bientôt devant le feu de Wemmick, et le vieux et moi nous goûtâmes la société l’un de l’autre, en dormant plus ou moins pendant toute la journée. Nous eûmes pour dîner une queue de porc et des légumes récoltés sur la propriété, et je faisais des signes de tête au vieux, avec une bonne intention, toutes les fois que je manquais de le faire accidentellement. Quand il fit tout à fait nuit, je laissai le vieillard préparer le feu pour faire rôtir le pain, et je jugeai, au nombre de tasses à thé, aussi bien qu’aux regards qu’il lançait aux deux petites portes de la muraille, que miss Skiffins était attendue.


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