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— Eh bien ! dit Herbert en se levant et se secouant vivement, comme s’il avait dormi, et se mettant vivement à remuer le feu, maintenant, je vais essayer de devenir agréable ! »

Il fit le tour de la chambre, secoua les rideaux, mit les chaises à leur place, rangea les livres et tout ce qui traînait, regarda dans le vestibule, jeta un coup d’œil dans la boite aux lettres, ferma la porte et revint prendre sa chaise au coin du feu, où il s’assit, en berçant sa jambe gauche entre ses deux bras.

« Je vais vous dire un ou deux mots, Haendel, touchant mon père et le fils de mon père. Je crains qu’il soit à peine nécessaire, pour le fils de mon père, de vous faire remarquer que l’établissement de mon père n’est pas tenu d’une façon bien brillante.

— Il y a toujours plus qu’il ne faut, Herbert, dis-je, pour dire quelque chose d’encourageant.

— Oh ! oui ; c’est aussi ce que dit le balayeur et aussi la marchande de poisson, qui demeure dans la rue qui se trouve derrière. Sérieusement, Haendel, car le sujet est assez sérieux, vous savez ce qui en est aussi bien que moi. Je crois qu’il fut un temps où mon père s’occupait encore de quelque chose ; mais si ce temps a jamais existé, il n’est plus. Puis-je vous demander si vous avez déjà eu l’occasion de remarquer dans votre pays que les enfants, qui ne sont pas positivement de bons partis, sont toujours très-particulièrement pressés de se marier ? »

Cette question était si singulière, que je lui demandai en retour :

« En est-il ainsi ?

— Je ne sais pas, dit Herbert, et c’est ce que j’ai besoin de savoir, parce que c’est positivement le cas avec nous. Ma pauvre sœur Charlotte, qui venait après