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res, et il débuta par me faire un serment (étant toujours très-rusé) sur mon livre, ce petit livre noir, mon cher enfant, sur lequel j’ai fait jurer votre camarade.

« Pour ne pas entrer dans le détail des choses que Compeyson conçut et que j’exécutai, ce qui demanderait une semaine, je vous dirai simplement, mon cher enfant, et vous, le camarade de Pip, que cet homme m’enveloppa dans de tels filets, qu’il fit de moi son nègre et son esclave.

« J’étais toujours endetté vis-à-vis de lui, toujours à ses ordres, toujours travaillant, toujours courant des dangers.

« Il était plus jeune que moi, mais il était rusé et instruit, et il était, sans exagération, cinq cents fois plus fort que moi.

« Ma maîtresse, pendant ces rudes temps… mais je m’arrête, je n’en ai pas encore parlé. »

Il chercha autour de lui d’une manière confuse, comme s’il avait perdu le fil de ses souvenirs, et tourna son visage vers le feu, et étendit ses mains dans toute leur largeur sur ses genoux, les leva et les remit en place :

« Il n’est pas nécessaire d’aborder ce sujet, » dit-il.

Et, regardant encore une fois autour de lui :

« Le temps que je passai avec Compeyson fut presque aussi dur que celui qui l’avait précédé. Cela dit, tout est dit.

« Vous ai-je dit comment je fus jugé seul pour les méfaits que j’avais commis pendant que j’étais avec Compeyson ? »

Je répondis négativement.

« Eh bien ! dit-il, j’ai été jugé et condamné. J’avais déjà été arrêté sur des soupçons, deux ou trois fois pendant les trois ou quatre ans que cela dura ; mais les