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bruyère, dans une baraque que je connaissais déjà. Il était, ainsi que plusieurs autres personnes, assis autour des tables, quand j’arrivai, et le maître de la baraque, qui me connaissait et aimait à plaisanter, l’interpella pour lui dire en me montrant :

« — Je crois que voilà un homme qui fera votre affaire. »

« Compeyson m’examina avec attention, et je l’examinai aussi.

« Il avait une montre et une chaîne, une bague, une épingle de cravate et de beaux habits.

« — À en juger sur les apparences, vous n’êtes pas dans une bonne passe ? me dit Compeyson.

« — Non, monsieur, et je n’y ai jamais été beaucoup. »

« Je sortais en effet de la prison de Kingston pour vagabondage ; j’aurais pu y être pour quelque chose de plus, mais ce n’était pas.

« — La fortune peut changer ; peut-être la vôtre va-t-elle tourner, dit Compeyson.

« — J’espère que cela se peut. Il y a de la place, dis-je.

« — Que savez-vous faire ? dit Compeyson.

« — Manger et boire, dis-je, si vous voulez me trouver les choses nécessaires. »

« Compeyson se mit à rire, et m’examina scrupuleusement, il me donna cinq shillings, et prit rendez-vous pour le lendemain soir au même endroit.

« Je vins trouver Compeyson le lendemain soir au même endroit, et Compeyson me proposa d’être son homme et son associé.

« Et quelles étaient les affaires de Compeyson dans lesquelles nous devions être associés ?

« Les affaires de Compeyson, c’était d’escroquer, de