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CHAPITRE XII.


C’est en vain que j’essayerais de décrire l’étonnement et l’inquiétude d’Herbert quand lui, moi et Provis nous nous assîmes devant le feu et que je lui confiai le secret tout entier. Je voyais mes propres sentiments se refléter sur ses traits, et surtout ma répugnance envers l’homme qui avait tant fait pour moi.

Mais ce qui eût suffi pour creuser un abîme entre cet homme et nous, s’il n’y avait eu rien d’autre pour nous diviser, c’eût été son triomphe pendant mon récit. À part le regret profond qu’il avait de s’être montré petit dans une certaine occasion, depuis son retour, point sur lequel il se mit à fatiguer Herbert, dès que ma révélation fut terminée, il n’avait pas la moindre idée qu’il me fût possible de trouver quelque chose à reprendre dans ma bonne fortune. Il se vantait d’avoir fait de moi un gentleman et d’être venu pour me voir soutenir ce rôle avec ses grandes ressources, tout autant pour moi que pour lui-même ; que c’était une vanité fort agréable pour tous deux, et que, tous deux, nous devions en être très-fiers. Telle était la conclusion parfaitement établie dans son esprit.

« Car, voyez-vous, vous qui êtes l’ami de Pip, dit-il à Herbert après avoir discouru pendant un moment, je