Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XI.


Ce fut heureux pour moi d’avoir à prendre des précautions pour assurer (autant que possible) la sécurité de mon terrible visiteur ; car cette pensée, en occupant mon esprit dès mon réveil, écarta toutes les autres et les tint confusément à distance.

L’impossibilité de le tenir caché dans l’appartement était évidente : et en essayant de le faire, on aurait évidemment provoqué les soupçons. Il est vrai que je n’avais plus mon groom à mon service ; mais j’étais espionné par une vieille femelle, assistée d’un sac à haillons vivant, qu’elle appelait sa nièce ; et vouloir les tenir éloignées d’une des chambres c’eût été donner naissance à leur curiosité et à leurs soupçons. Elles avaient toutes les deux la vue faible, ce que j’avais longtemps attribué à leur manière de regarder par le trou des serrures, et elles étaient toujours sur mon dos, quand je ne le demandais pas ; c’était même, en outre de l’habitude de voler, l’unique qualité qu’elles possédaient. Pour ne pas avoir l’air de faire de mystère avec ces gens-là, je résolus d’annoncer dans la matinée que mon oncle était arrivé inopinément de la province.

Je pris cette résolution, tout en cherchant dans l’obscurité les moyens de me procurer de la lumière. N’en