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que ce fût), je vis que les lampes de la cour l’étaient également, et les réverbères, sur les ponts et sur les quais, vacillaient, et les feux de charbon dans les bateaux, sur la rivière, étaient emportés par le vent, comme des éclats de fer rouge dans la pluie.

Je lisais, ayant ma montre posée devant moi sur la table, et m’étais proposé de fermer mon livre à onze heures, comme d’habitude. J’entendis Saint-Paul et toutes les églises de la Cité, les unes avant, les unes en même temps, les autres après, sonner cette heure. Le son luttait contre le vent, qui l’entrecoupait, et j’écoutais cette lutte, quand soudain j’entendis des pas dans l’escalier.

Je ne sais quel mouvement d’inexplicable folie me fit tressaillir, et trouver un affreux rapport entre ces pas et celui de ma sœur morte… mais, peu importe : cela se passa aussitôt. J’écoutai de nouveau, et j’entendis le bruit des pas qui se rapprochait. Me souvenant alors que les lampes de l’escalier étaient éteintes, je pris la mienne et sortis sur le carré. Celui qui montait s’était arrêté en voyant ma lampe, car tout était tranquille.

« Il y a quelqu’un en bas, n’est-ce pas ? criai-je en cherchant à voir.

— Oui, répondit une voix sortant de l’obscurité.

— À quel étage allez-vous ?

— Au dernier, chez M. Pip.

— C’est mon nom… Vous ne m’apportez pas de mauvaises nouvelles ?

— Non, aucune mauvaise nouvelle, » répondit la voix.

Et l’homme continua à monter.

Je me tenais sur l’escalier avec ma lampe au dehors de la rampe, et il passa bientôt sous sa lumière. C’était une lampe à abat-jour, faite pour n’éclairer que le li-