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CHAPITRE X.


J’avais vingt-trois ans, et pas un seul mot n’était venu m’éclairer sur mes espérances, et mon vingt-troisième anniversaire était passé depuis une semaine. Il y avait plus d’un an que nous avions quitté l’Hôtel Barnard. Nous habitions dans le quartier du Temple, nos chambres donnaient sur la rivière.

M. Pocket et moi nous avions depuis quelque temps cessé nos relations primitives, bien que nous continuassions à être dans les meilleurs termes. Malgré mon inhabileté à m’occuper de quelque chose, inhabileté qui venait, je l’espère, de la manière incomplète et irrégulière avec laquelle je disposais de mes ressources, j’avais du goût pour la lecture, et je lisais régulièrement un certain nombre d’heures par jour. L’affaire d’Herbert allait de mieux en mieux, et tout continuait à marcher pour moi, comme je l’ai dit à la fin du dernier chapitre.

Les affaires d’Herbert l’avaient envoyé à Marseille. J’étais seul, et je me trouvais tout triste d’être seul. Découragé et inquiet, espérant depuis longtemps que le lendemain ou la semaine suivante éclairerait ma route, et depuis longtemps toujours désappointé, je ressentais avec tristesse l’absence du