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— Vous devez l’être.

— Dites plutôt que je ne devrais pas l’être, car j’ai à écrire ma lettre pour Satis House avant de me coucher.

— Pour en revenir à votre triomphe de ce soir, dis-je, c’est assurément un très-pauvre triomphe, Estelle.

— Que voulez-vous dire ?… Je ne sais pas s’il y a eu quelque triomphe ce soir.

— Estelle, dis-je, jetez les yeux sur cet individu qui nous regarde dans le coin là-bas.

— Pourquoi le regarderais-je ? répondit Estelle en fixant les yeux sur moi au lieu de le regarder. Qu’y a-t-il dans cet individu du coin là-bas, pour me servir de vos paroles, que j’aie besoin de voir ?

— En effet, c’est justement la question que je voulais vous faire, car il a voltigé autour de vous pendant toute la soirée.

— Les papillons de nuit et toutes sortes de vilaines bêtes, répondit Estelle en jetant un regard de son côté, voltigent autour d’une chandelle allumée : la chandelle peut-elle l’empêcher ?

— Non, dis-je ; mais Estelle ne peut-elle l’empêcher, elle ?…

— Eh bien, dit-elle en riant, après un moment, peut-être… oui… comme vous voudrez…

— Mais, Estelle, laissez-moi parler. Cela me rend malheureux de vous voir encourager un homme aussi généralement méprisé que Drummle… Vous savez qu’il est méprisé ?

— Eh bien ? dit-elle.

— Vous savez qu’il est commun au dedans comme au dehors ; que c’est un individu d’un mauvais caractère, bas et stupide.

— Eh bien ? dit-elle.