Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/356

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah ! fit-il sèchement, je croyais que vous étiez pour être étudiant. »

En ce moment, nous étions arrivés à la maison, où je vis que sa chambre était placée juste à côté de la porte, et qu’elle avait une petite fenêtre donnant sur la cour. Dans de petites proportions, elle ressemblait assez au genre de pièces appelées loges, généralement habitées par les portiers à Paris ; une certaine quantité de clefs étaient accrochées au mur ; il y ajouta celle de la rue. Son lit, à couvertures rapiécées, se trouvait derrière, dans un petit compartiment ou renfoncement. Le tout avait un air malpropre, renfermé et endormi comme une cage à marmotte humaine, tandis que lui, Orlick, apparaissait sombre et lourd dans l’ombre d’un coin près de la fenêtre, et semblait être la marmotte humaine pour laquelle cette cage avait été faite. Et cela était réellement.

« Je n’ai jamais vu cette chambre, dis-je, et autrefois il n’y avait pas de portier ici.

— Non, dit-il, jusqu’au jour où il n’y eut plus aucune porte pour défendre l’habitation, et que les habitants considérassent cela comme dangereux à cause des forçats et d’un tas de canailles et de va-nu-pieds qui passent par ici. Alors on m’a recommandé pour remplir cette place comme un homme en état de tenir tête à un autre homme, et je l’ai prise. C’est plus facile que de souffler et de jouer du marteau. — Il est chargé ; il l’est ! »

Mes yeux avaient rencontré, au-dessus de la cheminée, un fusil à monture en cuivre, et ses yeux avaient suivi les miens.

« Eh bien, dis-je, ne désirant pas prolonger davantage la conversation, faut-il monter chez miss Havisham ?