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table, comment peux-tu être si déraisonnable ? Jane ne l’a fait que pour empêcher le Baby de se blesser.

— Je ne permets à personne de se mêler du Baby, dit Mrs Pocket ; je suis surprise, Mathieu, que vous m’exposiez à un pareil affront.

— Bon Dieu ! s’écria M. Pocket poussé à bout, doit-on laisser les enfants se tuer à coups de casse-noisette sans essayer de les sauver ?

— Je ne veux pas que Jane se mêle du Baby, dit Mrs Pocket, avec un regard majestueux, à l’adresse de l’innocente petite coupable ; je connais, j’espère, la position de mon grand-papa. En vérité, Jane… »

M. Pocket mit encore ses mains dans ses cheveux, et, cette fois, il se souleva réellement à quelques pouces de sa chaise.

« Écoutez ceci, s’écria-t-il en s’adressant aux éléments, ne sachant plus à qui demander secours, faut-il que les Babies des pauvres gens se tuent, à coups de casse-noisette, à cause de la position de leur grand-papa ? »

Puis il se souleva encore, et garda le silence.

Nous tenions tous les yeux fixés sur la nappe, avec embarras, pendant que tout cela se passait. Une pause s’ensuivit pendant laquelle l’honnête Baby, qu’on ne pouvait pas maintenir en repos, se livra à une série de sauts et de mouvements pour aller avec la petite Jane, qui me parut le seul membre de la famille, hors les domestiques, avec lequel il eût envie de se mettre en rapport.

« Monsieur Drummle, dit Mrs Pocket, voulez-vous sonner Flopson ? Jane, désobéissante petite créature, va te coucher. Et toi, Baby chéri, viens avec maman. »

Le Baby avait un noble cœur, et il protesta de toutes ses forces ; il se plia en deux et se jeta en arrière par-dessus le bras de Mrs Pocket ; puis il exhiba à la com-