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En même temps, cette bonne ramassa le mouchoir de Mrs Pocket, et dit :

« C’est au moins la sixième fois, madame, que vous le laissez tomber ! »

Sur quoi Mrs Pocket se mit à rire, et dit :

« Merci, Flopson. »

Puis, s’installant sur une seule chaise, elle continua sa lecture. Son visage prit une expression sérieuse, comme si elle eût lu depuis une semaine ; mais, avant qu’elle eût pu lire une demi-douzaine de lignes, elle leva les yeux sur moi, et dit :

« J’espère que votre maman se porte bien ? »

Cette demande inattendue me mit dans un tel embarras, que je commençai à dire de la façon la plus absurde du monde, qu’en vérité si une telle personne avait existé, je ne doutais pas qu’elle ne se fût bien portée, qu’elle ne lui en eût été bien obligée, et qu’elle ne lui eût envoyé ses compliments, quand la bonne vint à mon aide.

« Encore !… dit-elle en ramassant le mouchoir de poche ; si ça n’est pas la septième fois !… Que ferez-vous cette après-midi, madame ? »

Mrs Pocket regarda son mouchoir d’un air inexprimable, comme si elle ne l’eût jamais vu ; ensuite, en le reconnaissant, elle dit avec un sourire :

« Merci, Flopson. »

Puis elle m’oublia, et reprit sa lecture.

Maintenant que j’avais le temps de les compter, je vis qu’il n’y avait pas moins de six petits Pockets, de grandeurs variées, qui se roulaient de différentes manières.

J’arrivai à peine au total, quand un septième se fit entendre dans des régions élevées, en pleurant d’une façon navrante.