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ne veux plus rien entendre ! dit M. Jaggers en agitant sa main pour les renvoyer. Si vous me dites un mot de plus, j’abandonne l’affaire.

— Nous avons pensé, monsieur Jaggers…, commença un des deux hommes en ôtant son chapeau.

— C’est ce que je vous ai dit de ne pas faire, dit M. Jaggers. Vous avez pensé… à quoi et pourquoi faire ?… je dois penser pour vous. Si j’ai besoin de vous, je sais où vous trouver. Je n’ai pas besoin que vous veniez me trouver. Allons, assez, pas un mot de plus ! »

Les deux hommes se regardèrent pendant que M. Jaggers agitait sa main pour les renvoyer, puis ils se retirèrent humblement sans proférer une parole.

« À vous, maintenant ! dit M. Jaggers, s’arrêtant tout à coup pour s’adresser aux deux femmes qui avaient des châles, à celles que les trois hommes venaient de quitter. Oh ! Amélia, est-ce vrai ?

— Oui, M. Jaggers.

— Et vous souvenez-vous, repartit M. Jaggers, que sans moi vous ne seriez pas et ne pourriez pas être ici ?

— Oh ! oui, vraiment, monsieur ! répondirent simultanément les femmes, que Dieu vous garde, monsieur, nous le savons bien !

— Alors, dit M. Jaggers, pourquoi venez-vous ici ?

— Mon billet, monsieur, fit la femme qui pleurait.

— Hein ? fit M. Jaggers ; une fois pour toutes, si vous ne pensez pas que votre billet soit en bonnes mains, je le sais, moi ; et si vous veniez ici pour m’ennuyer avec votre billet, je ferai un exemple de vous et de votre billet en le laissant glisser de mes mains. Avez-vous payé Wemmick ?

— Oh ! oui, monsieur, jusqu’au dernier penny.

— Très-bien. Alors vous avez fait tout ce que vous