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et les deux jeunes cavaliers s’offrirent pour reconduire les dames.

La distance n’était pas longue et la grille de la maison des Nonnes se referma bientôt sur les pensionnaires et les maîtresses.

Les élèves étaient couchées et Mme Tisher veillait seule pour attendre la nouvelle venue.

La chambre destinée à Helena étant voisine de celle de Rosa, il ne fallut pas beaucoup de préparatifs ni d’explications pour installer la jeune fille de Ceylan.

On la confia aux soins de sa nouvelle amie, et on les laissa seules pour la nuit.

« J’éprouve un bien heureux soulagement, ma chère, dit Helena ; j’ai redouté toute la journée l’instant de mon entrée dans cette maison.

— Nous y sommes peu nombreuses, répondit Rosa, et nous sommes toutes de bonnes filles ; du moins les autres sont de bonnes filles ; je puis me porter garante pour elles.

— Moi, je réponds de vous ! s’écria Helena en riant, pendant que ses yeux noirs se fixaient sur le joli petit visage de sa jeune amie et promenaient un regard de tendresse caressante sur toute sa mignonne personne. Vous serez une amie pour moi, voulez-vous ?

Je l’espère. Mais l’idée d’être votre amie me semble très-folle…

— Pourquoi ?

Oh ! je suis un si pauvre petit être, et vous êtes si belle ! Vous semblez avoir assez de résolution et de force pour m’écraser… Je me sens réduite à rien en votre présence.

— Je suis une créature négligée, ma chère, étrangère à tous les talents, mais ayant la conscience que j’ai tout à apprendre… je suis profondément honteuse de mon ignorance.

— Et cependant vous me reconnaissez tous les mérites ! dit Rosa.

— Ma chère mignonne, puis-je faire autrement ?… Il y a en vous tant et de si grandes fascinations.

— Allons donc ! Le croyez-vous vraiment ? demanda Rosa avec une petite moue enfantine et d’un air à demi