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jeune garçon et elle montrait l’audace d’un homme. Nous avions sept ans la première fois et je me rappelle avec quelle énergie, ayant perdu le couteau qui devait lui servir à se couper les cheveux, elle essaya de se les arracher ou de les couper avec ses dents. Je n’ai rien de plus à vous dire, monsieur, si ce n’est que j’espère que vous aurez de la patience et que vous serez indulgent pour moi.

— Quant à cela, monsieur Neville, vous pouvez en être sûr, répondit le chanoine mineur. Je ne prêche qu’à mon corps défendant et je ne récompenserai pas votre confiance par un sermon. Mais je vous prie de vous mettre sérieusement et solidement dans l’esprit que si je dois vous faire quelque bien, cela ne peut être qu’avec votre propre assistance. Nous ne pouvons espérer un résultat efficace qu’en implorant l’aide du ciel.

— J’essaierai de faire mon devoir, monsieur.

— Moi aussi, monsieur Neville, je tâcherai de faire le mien ; sur ce, voici ma main. Dieu bénisse vos efforts ! »

Ils se trouvaient alors devant la porte de la maison, et ils purent entendre le bruit joyeux des voix et les éclats de rire qui s’y élevaient.

« Nous ferons encore un dernier tour avant de rentrer, dit M. Crisparkle, car j’ai une question à vous adresser. Quand vous avez dit que vos dispositions à mon égard avaient changé, vous n’avez pas seulement parlé pour vous, mais aussi pour votre sœur.

— Certainement, monsieur.

— Excusez-moi, M. Neville, mais il me semble que vous n’avez pas eu l’occasion de causer avec votre sœur depuis que je suis avec vous. M. Honeythunder a été très-éloquent, mais je peux bien ajouter, sans méchanceté, qu’il a un peu accaparé le monopole de la conversation. Ne répondez-vous donc pas pour votre sœur sans garantie ?…

— Vous ne savez pas, monsieur, quelle entente complète peut exister entre ma sœur et moi sans un mot, ni peut-être même un regard échangé. Non-seulement elle a éprouvé le sentiment que je vous ai exprimé, mais elle savait que je chercherais l’occasion de vous parler en son nom et au mien. »