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CHAPITRE VII

Plus d’une confidence


« Je connais fort peu ce gentleman, monsieur, dit Neville au chanoine mineur en retournant à la maison.

— Vous connaissez peu votre tuteur ? s’écria le chanoine.

— Presque pas.

— Comment cela est-il possible ?…

— Qu’il soit devenu mon tuteur ?… Je vais vous le dire, monsieur. Vous savez, je suppose, que ma sœur et moi nous arrivons de Ceylan ?

— En vérité, non.

— Cela m’étonne. Nous vivions là avec un beau-père. Notre mère y était morte lorsque nous n’étions que de tout petits enfants. Nous avons eu une misérable existence. Elle avait institué son mari notre tuteur ; c’était un vilain avare qui nous donnait à contre-cœur notre nourriture et les vêtements que nous portions. En mourant il nous a passés à M. Honeythunder, parce que celui-ci était son parent et que son nom, qu’il voyait constamment imprimé, avait attiré son attention.

— Ces choses sont récentes, je suppose !

— Très-récentes. Notre beau-père était un affreux brutal en même temps qu’il était avare. Il a bien fait de mourir, car j’aurais fini par le tuer. »

M. Crisparkle s’arrêta court à la clarté de la lune et regarda son élève avec une consternation comique.

« Je vous étonne, monsieur, dit le jeune homme changeant promptement de ton et d’un air bien plus doux.

— Vos paroles m’ont choqué plus que je ne puis le dire. »

Le jeune homme secoua la tête en marchant.