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Après l’avoir examiné, avec un certain air de désappointement, tout en faisant tourner le lorgnon qu’il portait suspendu à un ruban, mais sans oser s’en servir, il ajouta :

« Ah ! je pensais vous voir plus âgé, monsieur.

— J’espère que vous aurez cet avantage, répondit le chanoine d’un ton de bonne humeur.

— Vous dites ?

— Une simple plaisanterie qui ne mérite pas d’être répétée.

— Une plaisanterie… ah ! je ne connais pas la plaisanterie, répliqua M. Honeythunder, en fronçant le sourcil. C’est perdre son temps que de plaisanter devant moi. Où sont-ils ?… Helena, Neville, arrivez ici ! Le révérend M. Crisparkle est venu au-devant de vous. »

Un très-beau jeune homme et une jeune fille d’une beauté peu commune : ils se ressemblaient beaucoup.

L’un et l’autre, bruns et colorés ; la jeune fille ayant presque le type des belles bohémiennes ; quelque chose de sauvage chez tous deux, délicats, souples, les yeux vifs, les membres agiles, des regards exprimant à la fois la timidité et l’audace, une sorte d’indécision entre deux sentiments contraires, l’un qui les eût poussés en avant, l’autre plus prudent qui les portait à reculer, comme l’animal qui s’arrête avant de ramper avec soumission, ou de bondir sur sa proie.

Voilà ces enfants.

Voilà aussi les observations confuses qui traversèrent l’esprit de M. Crisparkle pendant les quelques secondes qu’il venait de consacrer à les examiner.

Il invita M. Honeythunder à dîner avec un certain trouble d’esprit, car le désappointement qu’allait éprouver la chère vieille bergère de porcelaine de Saxe le préoccupait péniblement, et il offrit le bras à Helena Landless.

Elle et son frère, qui marchait auprès d’eux, prenaient le plus grand plaisir à admirer les beautés qu’il leur signalait à l’intérieur de la cathédrale et les ruines du monastère.

Ils semblaient aussi étonnés, consigna M. Crisparkle