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entrée dans la maison des Nonnes, établissement recommandé par vous et par monsieur vôtre fils.

« Veuillez, je vous prie, tout disposer pour sa réception et son éducation dans cette maison. Les conditions pour l’une comme pour l’autre restent exactement celles qui m’ont été communiquées dans la lettre que vous m’avez écrite lorsque j’ai entamé avec vous une correspondance à ce sujet, après avoir eu l’honneur de vous être présenté chez votre sœur de Londres. Avec mes compliments pour le Révérend M. Septimus, je suis, chère madame, votre affectionné frère (en philanthropie).

Luke Honeythunder. »

— Eh bien, maman, dit Septimus, en se grattant l’oreille un peu plus fort, nous devons tenter l’aventure. Il n’est pas douteux que nous avons suffisamment de place ici pour y recevoir un pensionnaire. J’ai du temps à lui consacrer, et je suis tout disposé à lui donner mes soins. Je dois te confesser pourtant une chose. Je me sens heureux, oui, très-heureux, que ce pensionnaire ne soit pas M. Honeythunder lui-même. C’est peut-être une prévention de ma part contre ce gentleman… car je ne l’ai jamais vu ce M. Honeythunder… Est-ce un gros homme, maman ?

— On peut dire de lui qu’il est gros, mon cher enfant, répond la vieille dame après un moment d’hésitation, mais sa voix est encore bien plus grosse que lui.

— Plus grosse que lui ?

— Plus grosse que qui que ce soit.

— Ah ! dit Septimus. »

Et il finit de déjeuner mollement, comme s’il trouvait un peu moins de parfum au thé souchong de qualité supérieure et moins de saveur au jambon et aux œufs.

La sœur de Mme Crisparkle, autre figurine de porcelaine de Dresde s’appareillant si bien avec sa sœur qu’elles auraient pu faire deux pendants pour orner une grande cheminée, était la femme sans enfant d’un ecclésiastique placé à la tête d’une corporation de la ville de Londres.

M. Honeythunder, en sa qualité de professeur de phil-