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CHAPITRE VI

Philanthropie dans le coin du chanoine


Le révérend Septimus Crisparkle, nommé Septimus parce que six petits frères dudit Crisparkle avaient passé de vie à trépas, un par un, avant sa naissance, comme six petits lumignons aussitôt éteints qu’allumés, le révérend Septimus, après avoir brisé la mince couche de glace du matin avec son aimable tête dans l’étang, près de Cloisterham, pour le plus grand bien de sa vigueur physique, s’escrimait alors à favoriser la circulation de son sang : le révérend s’exerçait à la boxe devant une glace avec autant de science que d’habileté.

C’était bien l’image d’un homme plein de fraîcheur et de santé que reflétait le miroir en la personne du révérend, déployant ses feintes et ses retraites, avec un art consommé, puis lançant avec l’épaule un coup détaché vigoureusement en ligne droite.

Cependant son visage, respirant l’innocence et la bonté du cœur, brillait radieux au-dessus de ses gants de boxe.

On touchait à peine à l’heure du déjeuner, car Mme Crisparkle, la mère et non l’épouse du révérend, venait seulement de descendre et attendait l’arrivée de la théière.

Le révérend Septimus suspendit à l’instant sa gymnastique pour saisir, dès son entrée, le visage de la jolie vieille dame entre ses gants de boxe et pour l’embrasser.

Cela fut fait avec un franc élan de tendresse ; puis il se remit à parer de la main gauche et à porter des coups de la main droite avec un notable redoublement de vigueur.

« Je me dis tous les matins que cela t’arrivera quelque jour, Septimus…

— Qu’est-ce qui m’arrivera quelque jour, chère maman ?