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communes de l’Angleterre où partout les chrétiens sont lapidés, comme si le temps de saint Étienne était revenu.

Durdles fit observer que si ces jeunes sauvages en usaient ainsi, c’était faute d’avoir trouvé un but, et il guida Jasper pour traverser le sentier.

Arrivé à l’extrémité, Jasper, exaspéré, arrêta son compagnon et regarda derrière lui.

Tout était silencieux.

Mais, une seconde après, une pierre effleura son chapeau.

On entendit au loin le cri, le fameux avertissement :

« Gare ! gare ! gare ! le coq s’éveille ! » suivi par un cocorico semblable à celui de quelque affreux réveille-matin de basse-cour.

Ce cocorico lui apprit à quelle artillerie victorieuse il était exposé.

Il tourna le coin du sentier pour se mettre en sûreté et ramena Durdles chez lui.

Durdles trébuchait parmi les matériaux qui jonchaient le sol de la cour, et il faillit se jeter la tête la première contre l’une des tombes inachevées qui l’encombraient.

Jasper regagna sa demeure par un autre chemin.

Il entra sans bruit et trouva son feu brûlant encore.

Jasper prit, dans une armoire soigneusement fermée, une pipe qu’il remplit non avec du tabac… il chargea le fourneau à l’aide d’un petit instrument, puis il monta un escalier intérieur composé de quelques marches et conduisant à deux chambres.

L’une est la sienne, l’autre, celle de son neveu : toutes deux sont éclairées.

Edwin Drood est couché et dort d’un tranquille sommeil.

John Jasper se penche vers lui, sa pipe non allumée à la main, et demeure quelque temps à le contempler attentivement.

Puis, étouffant le bruit de ses pas, il gagne sa chambre, allume sa pipe et se livre aux fantômes que l’opium évoque à minuit.