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sentier dans lequel s’élevait une maison de bois délabrée, à deux étages fort bas, généralement connue sous le nom de l’auberge des Voyageurs à Deux-Sous.

Une maison déjetée, déformée comme le moral des voyageurs qu’elle recevait.

Là se voyaient les vestiges d’un porche, d’un ancien treillage qui défendait autrefois l’entrée d’une palissade en ruines qui jadis entourait le jardin.

Et c’est sans doute parce que les voyageurs tiennent à cette maison et y sont attachés par un tendre sentiment ou parce qu’ils aiment à pouvoir allumer du feu sur leur route dans le courant de la journée, que jamais, soit par la persuasion, soit par la menace, on ne peut les empêcher de partir sans arracher et emporter avec eux un fragment de cette palissade, comme d’autres emporteraient un ne m’oubliez pas.

On avait essayé de donner à cette misérable maison l’apparence d’une auberge en accrochant aux fenêtres les traditionnels rideaux rouges.

Mais quels lambeaux !

On voyait mieux leurs nombreuses déchirures à la faible lumière des chandelles qui brûlaient la nuit dans l’atmosphère viciée du logis.

Durdles et Jasper arrivaient alors à proximité de ce lieu suspect.

Une lanterne en papier accrochée au-dessus de la porte annonçait la destination de la maison.

Un groupe formé d’une demi-douzaine d’enfants sordides se tenait au devant.

Étaient-ce des hôtes à deux sous ou des parasites de l’auberge.

Toutes ces jeunes bêtes de proie, attirées par l’odeur de charogne que Deputy répandait dans l’air, prirent leur essor au clair de la lune comme des vautours dévorants.

À l’instant une grêle de pierres obscurcit le ciel.

« Tenez-vous tranquilles, jeunes brutes  ! s’écria Jasper, et laissez-moi passer. »

Cette remontrance fut accueillie par des cris et par le sifflement d’une nouvelle avalanche de pierres.

C’est la coutume établie depuis peu dans toutes les