Page:Dickens - Le Mystère d'Edwin Drood, 1880.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Puis, reculant de quelques pas, il se mit en position de lancer de nouvelles pierres en chantant :

Gare ! gare ! gare !
Je t’y prends ;
Il est plus de dix heures ;
Si tu ne rentres pas,
Je te jetterai des pierres,
Gare ! gare ! gare !
C’est l’avertissement du coq,
Il s’éveille ! il s’éveille !
Gare ! gare ! gare !

— Tiens-toi donc tranquille ! lui cria Jasper ; et ne lance pas de pierres à cet homme lorsque je suis aussi près de lui, ou je t’étrangle ! Allons, Durdles, laissez-moi vous reconduire chez vous. Dois-je prendre votre paquet ?

— Non pas ; sous aucun prétexte, répliqua Durdles. Voyez-vous, M. Jasper, Durdles faisait ses réflexions lorsque vous êtes survenu ; il méditait, environné de ses ouvrages, comme un auteur populaire. Là est votre beau-père. »

Il montrait un sarcophage entouré d’une grille dont la pierre blanche était éclairée par la lune.

« Ici, c’est madame Sapsea. »

Il indiquait la place où s’élevait le monument de son épouse attentive.

« Voilà le défunt bénéficier. »

Il désignait du doigt la colonne brisée qui recouvrait les restes de ce révérend gentleman.

« Voilà le collecteur des taxes. »

Il pointait du doigt un vase posé sur un socle qui ressemblait à une brique de savon.

« Enfin, voilà le pâtissier, premier confectionneur de muffins, très-respecté. »

Il faisait voir une autre pierre tumulaire.

« Ils sont tous là bien en sûreté dans les tombes construites par Durdles. Quant aux individus du commun qui sont enfouis sous la terre, au milieu des ronces, moins on en parle, mieux cela vaut. Ce sont des pauvres gens bien vite oubliés.