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occasion de s’instruire qui lui était si généreusement offerte.

M. Sapsea le laissa donc se retirer afin de lui donner la liberté de réfléchir sur tout ce qu’il avait recueilli dans cette première visite.



CHAPITRE V

M. Durdles et son ami


John Jasper, en traversant le cloître pour rentrer chez lui, s’arrêta court à la vue de Stony Durdles qui, avec son écuelle et tout son bagage habituel, se tenait appuyé contre la grille de fer séparant le cimetière des arcades du vieux cloître.

Un hideux gamin en guenilles prenait le pauvre Durdles pour but des pierres qu’il lançait à la clarté de la lune.

Quelquefois, ces pierres l’atteignaient ; d’autres fois, elles ne faisaient que siffler à ses oreilles.

Durdles semblait aussi indifférent dans un cas que dans l’autre.

Le gamin, au contraire, toutes les fois qu’il touchait Durdles, poussait un rugissement de triomphe.

Quand il ne l’atteignait pas, il disait :

« Encore manqué ! »

Et aussitôt il cherchait à réparer sa faute en visant mieux.

« Que fais-tu à cet homme, s’écrie Jasper, sortant de l’ombre et apparaissant tout à coup sur un point éclairé par la lune.

— J’en fais une cible.

— Donne-moi ces pierres que tu as dans la main.

— Oui, je vous les donnerai par la tête, si vous ne me lâchez pas, dit le gamin en se dégageant et en prenant le