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personne ne le sait mieux que Durdles. Demandez à la première personne venue dans Cloisterham si Durdles connaît son métier ? »

M. Sapsea se lève, prend une clef dans un tiroir, ouvre une armoire de fer scellée dans la muraille pour y prendre une autre clef.

« Quand Durdles doit mettre la dernière main à l’un de ses ouvrages, reprit le maçon d’un ton bourru, que le travail à faire soit à l’intérieur ou soit à l’extérieur, Durdles aime à passer une inspection générale et à s’assurer que son œuvre lui fait honneur. »

La clef que lui tendait le très-poétique veuf étant de forte dimension, Durdles fourra sa règle dans l’une des poches de son pantalon de flanelle, disposée pour cet usage ; puis il déboutonna sa veste, entr’ouvrit une large poche de côté, pratiquée à l’intérieur, et déposa la clef dans ce réceptacle.

« En vérité, Durdles, s’écria Jasper, qui suivait ses mouvements avec intérêt, vous êtes criblé de poches.

— Et j’y porte un poids assez lourd, monsieur Jasper ; pesez ceci. »

Et il lui tendait deux autres clefs.

« Donnez-moi aussi celle de M. Sapsea ; elle doit être la plus lourde des trois.

— Vous trouvez qu’il y en a trop, dit Durdles ; mais toutes appartiennent aux monuments qui sont l’œuvre de Durdles. Durdles porte toujours les clefs sur lui… Ce qui ne prouve pas qu’on s’en serve bien souvent.

— À propos, s’écria Jasper tout en s’amusant à examiner les clefs, depuis plusieurs jours, j’ai à vous demander quelque chose, et je l’ai toujours oublié. Vous savez qu’on vous appelle quelquefois Stony[1] n’est-ce pas ?

— Tout Cloisterham me connaît sous le nom de Durdles, monsieur Jasper.

— Je le sais. Mais parfois les enfants…

Oh ! si vous vous occupez de ces jeunes païens…, interrompit Durdles avec humeur.

— Je ne m’inquiète pas plus d’eux que vous-même.

  1. Stony, — en pierre.