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Pas d’homme plus connu dans Cloisterham.

Et d’abord, c’était le débauché le plus indigne de l’endroit.

La renommée le proclamait un merveilleux ouvrier, ce qui pouvait bien être.

Mais, comment le savait-on ?

Il ne travaillait jamais.

Durdles passait aussi pour un sot fieffé.

Ceci était admis par tout le monde.

Durdles connaissait mieux la crypte de la cathédrale que qui que ce fût parmi les vivants, nous pourrions même dire parmi les morts.

On racontait que cette intime connaissance lui était surtout venue de sa vieille habitude de se réfugier dans ce lieu secret pour s’y soustraire aux polissons de Cloisterham et y cuver les fumées de l’alcool et du vin.

Il avait d’ailleurs un libre accès dans la crypte puisqu’il y était chargé des grosses réparations.

Certes, il la connaissait bien, et dans la démolition des fragments de murailles, des contreforts, et des dalles, il avait souvent vu de curieuses choses.

Durdles parlait ordinairement de fin à la troisième personne ; peut-être parce que ses idées n’étaient pas bien nettes sur son identité, quand il faisait un récit ; peut-être aussi adoptait-il d’instinct, sans s’en rendre compte, la manière dont on parlait à Cloisterham d’une notoriété si grande.

Si, par exemple, Durdles avait à parler d’un grand personnage enterré dans l’ancien temps, il disait :

« Durdles se pencha sur le vieux bonhomme en frappant avec sa pioche sur le cercueil. Le vieux bonhomme regarda Durdles de ses yeux grands ouverts, comme pour lui dire : Votre nom n’est-il pas Durdles ? Pourquoi, mon brave homme, avez-vous tardé si longtemps ? Puis, le cadavre est tombé en poussière… »

Une règle de deux pieds dans sa poche, son marteau de maçon à la main, Durdles était sans cesse occupé à sonder et à taper dans tous les alentours de la cathédrale, et quand il disait à Tope :

« Tope, il y a encore là un autre vieux ! »