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Nous disons qu’ils étaient caractéristiques, parce qu’il se croyait lui-même au-dessus de tous les humains, qu’il considérait son baromètre comme ayant toujours raison, en dépit du temps, et sa pendule, en dépit de l’heure.

Auprès de M. Sapsea, sur la table, étaient placés un pupitre et les instruments nécessaires pour écrire.

Le regard fixé sur une note manuscrite, M. Sapsea se la lisait à lui-même d’un air majestueux ; puis, se promenant à pas lents dans la chambre, les pouces engagés dans les entournures de son gilet, il en redisait les termes de mémoire, si bas d’ailleurs, quoique avec beaucoup d’emphase, que le mot d’Ethelinda était le seul qu’on put entendre sortir de sa bouche.

Il y a trois verres propres dans un plateau sur la table ; la servante entre et annonce :

« M. Jasper.

— Faites-le entrer, répond M. Sapsea, avec un geste superbe de la main. »

Et il prend sur le plateau deux verres, dont le besoin se fait, parait-il, sentir.

« Enchanté de vous voir, monsieur. Je me félicite d’avoir l’avantage de vous recevoir ici pour la première fois. »

C’est ainsi que M. Sapsea faisait les honneurs de sa maison.

« Vous êtes bien bon. L’honneur est pour moi, et c’est à moi de m’en féliciter.

Cela vous plaît à dire, monsieur ; mais je vous assure que ce m’est une bien grande satisfaction de vous recevoir dans mon humble demeure. Et je ne dis pas cela à tout le monde. »

M. Sapsea mit une si solennelle majesté dans la manière dont il accentua ces paroles remarquables, qu’on pouvait facilement comprendre que sa pensée était celle-ci :

« Vous devez croire difficilement que votre société puisse être une satisfaction pour un homme tel que moi, et pourtant cela est.

— Depuis longtemps, j’avais le désir de vous connaître, monsieur Sapsea.

— Et moi, monsieur, je vous connais depuis longtemps