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Dans l’avenir ?…

Dans le présent ?…

Ni l’un ni l’autre, ils ne voyaient rien d’heureux, voilà ce dont ils étaient bien sûrs.

La grille s’ouvrit, se referma, et chacun de son côté ils s’éloignèrent.



CHAPITRE IV

M. Sapsea


Si l’on accepte, suivant l’opinion généralement répandue, l’âne comme le type de la stupidité contente de soi-même, ce qui est peut-être beaucoup plus conventionnel que juste, le grand âne de Cloisterham, c’était M. Thomas Sapsea, commissaire priseur.

M. Sapsea s’habillait comme le doyen ; il était quelquefois salué par des gens qui le prenaient pour le doyen ; il lui était même arrivé de s’entendre donner du mylord par des individus se figurant qu’il était l’évêque arrivé à l’improviste et sans son chapelain.

M. Sapsea était très-fier de cela, il était aussi très-fier de sa voix et du ton sacerdotal qu’il employait dans les actes de son ministère.

Lorsqu’il faisait une vente de propriété foncière, il cherchait des intonations dans son pupitre et s’attachait à reproduire le plus naturellement possible le ton ecclésiastique.

Il n’était pas rare à la fin d’une de ces ventes publiques de le voir terminer en donnant sa bénédiction aux marchands assemblés, avec un air de dignité que n’atteignait certainement pas le véritable doyen, un modeste et digue gentleman.

M. Sapsea a beaucoup d’admirateurs : l’opinion exprimée sur lui par le plus grand nombre et même par ceux