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avant que nous nous séparions. N’y aurait-il pas un autre jeune…

— Oh ! non, Eddy. Il est généreux à vous de demander cela, mais, non…, non…, non !… »

Ils se trouvaient alors près des fenêtres de la cathédrale, le son de l’orgue et des chants se faisaient entendre.

Tandis qu’ils étaient assis, écoutant l’hymne religieux, la confidence qu’il avait reçue dans la soirée de la veille revint à la mémoire d’Edwin Drood.

Il se mit à penser au contraste qui existait entre cette musique et la disposition d’esprit que son oncle lui avait accusée,

« Il me semble reconnaître la voix de Jack ? dit-il à voix basse.

— Ramenez-moi vite à la pension, je vous en prie, dit vivement Rosa en posant sa petite main sur celle de son fiancé. On va sortir de l’église dans un instant, allons nous-en, Edwin. Oh ! la belle harmonie ! Mais ne nous arrêtons pas à écouter. Partons. »

Son impatience de s’éloigner cessa dès qu’ils furent hors de l’enceinte.

Ils marchaient alors en se donnant le bras ; ils suivirent la rue Haute en se dirigeant vers la Maison des Nonnes.

Arrivés à la grille et après un coup d’œil donné à la rue déserte, Edwin pencha son visage vers celui de Bouton de Rose.

Elle se défendit en riant, elle avait retrouvé ses manières enfantines.

« Non, Eddy ! j’ai le visage tout plein de sucre, ne m’embrassez pas, mais tendez votre main et je vous y soufflerai un baiser. »

Il obéit ; son souffle léger effleura la main du jeune homme.

Il y retint celle de la jeune fille et se mit à regarder dans sa paume rosée.

« Eh ! que voyez-vous dans ma main ? demanda-t-elle.

— Ce que j’y vois, Rosa ?

— Mais je croyais que vous autres, enfants de l’Égypte, vous saviez lire dans la main et y voir toutes sortes d’images. Y lisez-vous un heureux avenir ? »