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arrivât malheur et qu’il fût étouffé sans ressources. »

Les deux jeunes gens continuèrent à marcher côte à côte, mais sans se donner le bras, autour de la vieille enceinte de la cathédrale.

Ils s’arrêtaient de temps en temps, laissant une empreinte profonde de leurs pas dans la couche de feuilles mortes qui jonchait la terre.

« Eh bien, dit Edwin après un long silence, comme toujours, je crois qu’il est inutile de continuer l’entretien, Rosa. »

Rosa fit un mouvement de tête et déclara qu’elle ne tenait pas à le continuer.

« C’est un joli sentiment, Rosa, quand on considère…

— Quand on considère quoi ?

— Si je le dis, vous vous fâcherez encore.

— C’est vous qui vous fâcherez, voulez-vous dire. Ne soyez pas si peu généreux.

— Si peu généreux !… Voilà qui est singulier.

— Eh bien, oui, c’est moi qui n’aime pas toutes ces choses dont nous parlions tout à l’heure, et je vous le dis nettement ! s’écria Rosa en faisant la moue.

— Bien, Rosa. Je vous demande qui a parlé avec mépris de ma profession et de ma destinée…

— Vous n’êtes pas destiné à aller vous faire enterrer dans les Pyramides, je l’espère, interrompit-elle en fronçant ses sourcils délicats. Si c’est là votre destin et votre intention, vous ne m’en avez pas informée. Je ne puis deviner vos projets.

— Rosa, vous savez très-bien ce que je veux dire, ma chère,

— C’est vous qui avez commencé avec votre odieuse géante au nez rouge… qu’elle poudre… qu’elle poudre… qu’elle poudre, quoi que vous en disiez, répéta Rosa avec un petit accès de fureur tout à fait comique.

— De quelque manière que je m’y prenne, je n’aurai jamais raison dans aucune discussion avec vous, dit Edwin en soupirant.

— Comment serait-il possible que vous eussiez raison, monsieur, puisque vous avez toujours tort !… Et quant à Belzoni, il est mort, je le suppose et je l’espère. En