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de regarder le jeune homme avec une petite mine penchée, elle reprend :

« Et cette très-raisonnable créature se complaît à l’idée d’être emmenée en Égypte, n’est-ce pas, Eddy ?

— Oui. Elle prend un intérêt raisonnable à la fortune de l’ingénieur. Elle pense que son habileté peut changer la face de tout un pays qui est encore un pays barbare.

— Juste ciel ! s’écrie Rosa, en haussant les épaules avec un petit rire d’étonnement.

— Trouvez-vous quelque chose d’étonnant à cela ? demande Edwin en abaissant son regard sur le visage de la jeune fille avec une certaine majesté. Trouvez-vous à redire, Rosa, à ce qu’elle s’intéresse à mes travaux ?

— Y trouver à redire, mon cher Eddy ! Mais réellement ne hait-elle pas les machines et toutes les vilaines choses de ces pays-là ?

— Je puis vous répondre qu’elle n’est pas assez stupide pour haïr les machines, réplique le jeune homme avec amertume. Mais je ne saurais dire quelle est exactement sa manière de voir sur « toutes ces vilaines choses » ; car je ne comprends réellement pas ce que vous entendez par là.

— Mais les Arabes, les Turcs, les Fellahs, et tous ces sauvages.

— Certainement, répond-il avec fermeté, elle ne hait pas les Turcs.

— Au moins elle doit haïr les Pyramides ?… Venez, Eddy.

— Pourquoi serait-elle une assez petite oie…, non, une grande, je veux dire…, pour haïr les Pyramides, Rosa ?

— Il vous faudrait entendre Mlle Twinkleton quand elle nous assomme avec tous ces gens-là, et alors vous comprendriez… les ennuyeux vieux tombeaux. Isis, Ibis, Cheops, et les Pharaons ! Qui s’inquiète de toutes ces vieilleries ? Puis, c’est l’histoire de Belzoni ou tout autre qu’on retire par les jambes à demi étouffé par la poussière des tombeaux. Toutes ces demoiselles disent qu’il n’a bien que ce qu’il a mérité. Elles auraient voulu qu’il lui