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Elle portait de temps à autre l’extrémité de ses doigts de fée à ses lèvres vermeilles pour y essuyer certaine petite poudre laissée par le contact des bonbons.

« Maintenant, faites preuve d’un bon caractère, Eddy, et jouez votre rôle. Ainsi votre foi est engagée ?

— Ainsi, ma foi est engagée.

— Est-elle jolie ?

— Charmante.

— Grande ?

— Immensément grande. »

Rosa était fort petite.

— Elle doit manquer de grâce ?… insinue-t-elle tranquillement.

— Je vous demande pardon… »

L’esprit de contradiction s’éveillait dans Edwin Drood.

« Elle est ce qu’on appelle une belle femme, une splendide créature.

— Un gros nez, sans doute ?

— Non, un petit nez, réplique vivement le jeune homme. »

Le nez de Rosa était tout petit.

« Un long nez pâle avec une proéminence rouge au milieu… Oh ! je connais ce genre de nez, dit Rosa, avec un petit mouvement de tête suffisant et tout en savourant ses délices.

— Vous ne connaissez pas du tout ce genre de nez, répliqua Edwin avec chaleur, attendu qu’il n’a rien de ce que vous dites.

— Ce n’est pas un nez pâle, Eddy ?

— Non, répond le jeune homme, déterminé à ne pas céder.

— C’est un nez rouge alors ? Je n’aime pas les nez rouges. Cependant on a toujours la ressource de la poudre de riz.

— Elle rougirait d’employer la poudre de riz, dit Edwin qui s’échauffait.

— Vraiment !… quelle créature stupide ce doit être !… Est-elle aussi stupide en toutes choses ?

— Elle ne l’est en rien. »

Après une pause, pendant laquelle Rosa n’avait cessé