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— Êtes-vous heureuse de me voir, Pussy ?

— Oh ! oui, terriblement heureuse… Venez et asseyez-vous… Mademoiselle Twinkleton. »

Il entrait dans les habitudes de cette excellente dame, chaque fois que ces visites avaient lieu, d’apparaître toutes les trois minutes, soit en personne, soit par procuration, en la personne de Mme Tisher.

C’était un moyen de sauvegarder les convenances, tout en ayant l’air de venir chercher un objet oublié.

En cette occasion, Mlle Twinkleton entre donc et sort gracieusement.

« Comment se porte M. Drood ? dit-elle en passant. Enchantée d’avoir le plaisir de vous voir. Excusez-moi, je vous prie… Les pincettes… Merci !…

— J’ai reçu les gants hier soir, Eddy, et ils me plaisent beaucoup, dit Rosa. Ils sont charmants.

— Eh bien, c’est toujours quelque chose, répond le fiancé d’un ton un peu boudeur. Les moindres encouragements que vous me donnez doivent être accueillis avec reconnaissance. Et comment avez-vous passé votre jour de naissance, Pussy ?

— Délicieusement ! Chacun m’a fait un cadeau. Nous avons eu festin et bal le soir.

— Un festin… un bal… Il paraît que cela s’est très-bien passé sans moi, Pussy ?

— Délicieusement ! répéta Rosa. »

Et ceci d’un ton de sincérité entière, sans aucun ménagement pour l’amour-propre d’Edwin.

« Ah !… et en quoi consistait le festin ?

— En tartes, en oranges, en gelées, et en crevettes.

— Pas de cavaliers au bal ?

— Nous avons dansé, entre nous, monsieur, comme de raison. Seulement quelques jeunes filles ont joué le rôle de deux frères… C’était bien drôle !

— Et aucune n’a eu l’idée de prendre mon…

— Votre personnage ?… Oh ! si fait, cher Eddy, s’écria Rosa en riant de tout son cœur. C’est la première chose à quoi l’on a pensé.

— J’espère qu’elle s’en est bien acquittée ? dit Edwin d’un air de doute.