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son choix et regarde autour de lui cherchant Son Altesse Royale la Princesse Fumeuse.

Le service est déjà bien avancé, et M. Datchery n’a pas encore aperçu Son Altesse Royale.

Enfin, il la découvre dans l’ombre : elle est derrière un pilier, se dérobant soigneusement à la vue du maître chantre, mais l’examinant avec la plus grande attention.

Bien loin de soupçonner sa présence, Jasper est tout à son chant.

Elle fait une étrange grimace quand il met plus de chaleur à son harmonieuse besogne.

M. Datchery la voit qui montre le poing au maître de chapelle, de l’abri protecteur qu’elle a cherché derrière son pilier.

M. Datchery l’observe ; elle continue ses menaces muettes.

Aussi laide, aussi ridée que les têtes fantastiques gravées sous les stalles, aussi méchante que l’esprit du mal lui-même, aussi dure que le grand aigle qui supporte les livres sacrés sur ses ailes, la vieille étend ses maigres bras et montre bien ses deux poings au chef des chantres.

En ce moment, derrière le grillage du guichet de la porte extérieure, Deputy, ayant trompé la vigilance de M. Tope, regarde à travers les barreaux et son œil étonné va de la vieille à Jasper, car ce manège ne lui a point échappé.

Le service arrive à sa fin, et ceux qui y ont concouru se dispersent pour aller déjeuner.

M. Datchery aborde sa nouvelle connaissance au dehors, tandis que s’éloignent les chantres aussi pressés de quitter leurs robes qu’ils l’ont été de les mettre une heure auparavant.

« Bonjour, madame ! Eh bien ! vous l’avez vu ?

— Je l’ai vu, cher monsieur, je l’ai vu !

— Et vous le connaissez ?

— Beaucoup mieux que tous les révérends ministres réunis ensemble peuvent le connaître. »

Mme Tope a eu le soin de disposer un joli et bon déjeuner bien proprement servi pour son locataire.