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du buffet et s’arrête, la craie à la main, incertain de l’addition qu’il doit faire à son compte.

— Je pense que je dois tracer un tout petit trait, se dit-il après avoir réfléchi. C’est tout ce que je suis autorisé à faire.

Il conforma l’action aux paroles, referma le buffet et gagna son lit.

Une brillante journée réjouit le lendemain la vieille cité, ses antiquités et ses ruines ; les pousses vigoureuses des lierres brillent au soleil, les grands arbres se balancent dans un air embaumé ; les jeux de lumière produits par les branches qui s’agitent, le chant des oiseaux, les senteurs qui s’exhalent des jardins, des bois et des champs pénètrent dans la cathédrale.

Il y a loin de l’odeur de terre sépulcrale qu’on y respire à l’ordinaire ; les froides pierres tumulaires, vieilles de plusieurs siècles, semblent s’être elles-mêmes échauffées, des éclats de lumière vont frapper les marbres dans les coins les plus obscurs et voltigent sous les voûtes sinistres.

Arrive M. Tope avec ses grosses clefs, qui fait jouer les serrures et gémir les portes ; arrivent Mme Tope et ses balayeuses ; arrivent, au temps voulu, l’organiste et l’enfant qui fait jouer le soufflet.

Ils frappent les livres de musique pour en chasser la poussière et ils époussètent les pédales.

De différents points du ciel arrivent aussi les corneilles, qui nichent dans la grande tour et se plaisent aux vibrations produites par les cloches.

Arrive enfin une petite congrégation de fidèles, venant du Coin du Chanoine Mineur et des autres parties du cloître.

Arrivent M. Crisparkle, frais et brillant, et ses frères dans l’exercice du saint ministère, qui ne sont ni aussi frais, ni aussi brillants que lui.

Arrivent les chantres à la hâte ; ils viennent toujours à la hâte et se précipitent dans leurs robes au dernier moment ; à leur tête marche M. John Jasper.

Le dernier de tous, arrive Datchery, qui s’établit dans une des stalles vides entre lesquelles il a la liberté de faire