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« Liés l’un à l’autre par le consentement de nos parents et l’approbation du recteur du district, avec sa belle chevelure argentée, dit Édouard, en portant respectueusement à ses lèvres des doigts effilés habiles aux ouvrages de broderie, au tambour et à tous les travaux auxquels se livrent les femmes, permettez-moi de voir votre papa demain dès la pointe du jour et de lui demander la permission de nous établir dans une habitation suburbaine, bien modeste, mais en rapport avec nos moyens, où il sera le bienvenu comme notre hôte de chaque soir, où tous les arrangements devront avoir l’économie pour règle, où nos conversations auront pour but constant la culture de notre esprit, le développement de nos connaissances et de nos talents, et où seront réunis tous les attributs de l’ange qui préside au bonheur des ménages. »

Comme les jours se succédaient et que rien n’arrivait de nouveau, les voisins commençaient à se dire que la jolie fille de la maison Billikin, qui regardait si souvent et avec tant d’attention par la fenêtre du salon, comme si elle attendait quelqu’un ou quelque chose, semblait près de perdre courage.

Rosa serait arrivée en effet au découragement si le hasard ne l’avait pas fait tomber sur quelques livres de voyage et d’aventures maritimes.

Mlle Twinkleton en fit la lecture à haute voix, s’étendant avec complaisance sur les latitudes, les longitudes, les gisements des côtes, les vents, les courants, etc.

Rosa écoutait avec attention et mettait à profit ce qui était le plus cher à son cœur.

C’est ainsi qu’elles arrivèrent à s’entendre mieux ensemble qu’elles ne le faisaient auparavant.