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— Je ne vois pas sur quoi vous pouvez fonder une pareille supposition, » répondit Mlle Twinkleton.

La Billikin l’arrêta.

« Ne me prêtez pas, je vous prie, des suppositions que je ne me serais pas permises. Vous parlez facilement, mademoiselle Twinkleton, et cette faculté, sans doute elle a son prix pour vos élèves : mais moi je ne vous paie pas pour bien parler, et je vous renouvelle ma question.

— Si vous faites allusion à la pauvreté de votre sang…, » commençait à dire Mlle Twinkleton.

La Billikin l’arrêta de nouveau.

« Je ne me suis pas servie d’une pareille expression.

— Si vous faites allusion à l’appauvrissement de votre sang…, reprit imperturbablement Mlle Twinkleton.

— Appauvrissement produit en moi, souligna la Billikin, par la nourriture du pensionnat.

— Alors, reprit Mlle Twinkleton, tout ce que je peux vous répondre, c’est que je suis obligée de vous croire sur votre déclaration, ce qui est peu concluant en vérité. Je ne puis m’empêcher d’ajouter que si cette triste circonstance influe sur les grâces de votre conversation, le malheur est double, et qu’il serait grandement désirable que votre sang fût plus riche. Rosa, ma chère, comment vous tirez-vous de votre ouvrage ?

— Hum ! avant de me retirer, mademoiselle, déclara la Billikin à Rosa, en tournant le dos fièrement à Mlle Twinkleton, je désirerais qu’il fût bien entendu entre vous et moi que les rapports que nous devons avoir à l’avenir auront lieu de moi seule à vous seule. Je ne reconnais pas ici l’autorité d’une dame âgée ; je n’ai pas besoin de la protection des dames âgées.

— Cet arrangement est fort désirable, ma chère Rosa, fit observer Mlle Twinkleton.

— N’est-il pas vrai, mademoiselle ? reprit la Billikin avec un sourire sarcastique.

— Quand j’aurai besoin de transmettre une demande à la maîtresse de la maison, ma chère Rosa, continua Mlle Twinkleton, avec une gaieté majestueuse, je vous la ferai connaître et vous vous chargerez volontiers, j’en suis sûre, de la faire parvenir à son adresse.