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d’un tour de poignet de M. Tartar ou d’un simple effort de Lobley, se penchant à l’avant, pour tout remettre en ordre.

Le flux les emporta jusqu’au moment où ils s’arrêtèrent pour dîner dans un jardin orné d’arbustes toujours verts.

Après quoi le reflux vint obligeamment pour les ramener à Londres ; et pendant qu’on flottait au milieu des pousses d’osiers, Rosa essaya de manier la rame et s’en tira d’une façon brillante, grâce à l’aide que M. Tartar lui prêtait.

M. Grewgious essaya sa puissance à son tour et tomba sur le dos, car il n’avait pas reçu la même assistance.

Alors on se reposa un instant sous les arbres…

Quel repos délicieux !

M. Lobley faisait ses grimaces ordinaires, arrangeait ses coussins, et courait d’un bout à l’autre de l’embarcation pour resserrer les cordages.

Il avait les pieds nus ; pour lui, les souliers étaient une superstition et les bas un indigne esclavage.

Le retour se fit au milieu des délicieuses odeurs du rivage fleuri et du bruit musical des eaux.

Trop tôt, hélas ! la grande et noire cité répandit sur la rivière l’ombre de ses ponts maussades…

Adieu, les jardins, les prairies, les parcs, et les arbustes toujours verts.

Toute cette belle journée se perdait déjà dans l’éloignement et comme dans un rêve.

Peut-on traverser la vie sans rencontrer de mauvais passages ?

C’est une question que je pose aux lecteurs !

Rosa pensait le lendemain, quand Londres eut repris son triste aspect sous ses yeux, que le temps de séjour au pensionnat de Cloisterham était écoulé sans retour ; les passages difficiles se présentaient.

Elle allait traverser les jours sombres…

Mais qui pouvait la rendre si mélancolique ?

Que pouvait-elle attendre ?

Attendait-elle Mlle Twinkleton ?

Mlle Twinkleton arriva au moment juste où l’on pouvait espérer sa venue.