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le pouvez. Je ne veux pas vous le dissimuler, vous le pouvez. »

Mme Billikin envoya chercher son châle dans son parloir sur le derrière de la maison.

Il était réglé depuis un temps immémorial que la bonne dame ne pouvait aller nulle part sans être drapée dans ce châle.

Après que sa servante le lui eut placé sur les épaules elle ouvrit la marche.

Elle s’arrêta plusieurs fois en montant les étages pour reprendre sa respiration ; arrivée au salon elle appuya ses mains contre son cœur, comme s’il eût été près de se détacher et qu’elle l’eût surpris au moment où il allait s’envoler.

« Et le second étage ? dit M. Grewgious après avoir visité le premier et l’avoir trouvé dans des conditions satisfaisantes.

— Monsieur Grewgious, répondit Mme Billikin, en se tournant de son côté d’un air cérémonieux, comme si le moment de se mettre d’accord sur un point délicat était arrivé et comme si la confiance était sérieusement établie, le second étage est au-dessus de celui-ci.

— Pourrons-nous le visiter également, madame ?

— Oui, monsieur, dit Mme Billikin, c’est clair comme le jour. »

Ce second appartement s’étant aussi trouvé à son gré, M. Grewgious se retira dans l’embrasure d’une croisée avec Rosa.

Leur consultation fut brève ; puis, après avoir demandé une plume et de l’encre, l’homme d’affaires rédigea en quelques lignes les conditions d’un accord.

Pendant ce temps, Mme Billikin avait pris un siège et exposait le résumé de la question.

« Quarante-cinq shillings par semaine, assurés pour le mois, dit Mme Billikin, me paraissent un prix acceptable pour les deux parties. Nous ne sommes ici ni dans Bond Street, ni dans Saint James Palace, mais nous n’en avons pas la prétention. Nous n’essayerons pas même de contester ce fait, pourquoi le contesterions-nous ? En ce qui concerne le service, deux domestiques sont attachés à la