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ceur, mais en demeurant inébranlable dans son incorruptible franchise, il serait plus qu’inutile de vous entraîner à ma suite jusqu’aux étages supérieurs de la maison pour vous entendre dire : Mme Billikin, qu’est-ce que cette tache que je remarque au plafond ? et pour me forcer de vous répondre : Je ne vous comprends pas, monsieur. Je ne suis pas si dissimulée ! Je vous entendrais avant même que vous ayez fait la remarque. C’est l’humidité, monsieur, elle pénètre et elle ne pénètre pas. Vous pouvez rester ici parfaitement, sec pendant la moitié de votre vie, mais il peut venir un moment, et il est préférable que vous le sachiez, où vous serez trempé comme une soupe. »

M. Grewgious ne parut nullement flatté de se voir ainsi mis en jeu.

« Avez-vous quelques autres appartements, madame ? demanda-t-il.

— Monsieur Grewgious, répondit Mme Billikin d’un ton plus solennel, j’en ai. Vous me demandez si j’ai d’autres appartements et mon honnête et franche réponse est : j’en ai. Ceux du premier et du second étage sont vacants et ils se composent de jolies chambres.

— Arrivons, arrivons au fait. Il n’y a rien de désagréable dans ces appartements ? demanda M. Grewgious reprenant confiance.

— Pardonnez-moi, monsieur Grewgious. Il y a les escaliers à monter. Si votre esprit n’est pas préparé à cette question des escaliers, vous serez exposé à un inévitable désappointement. Vous ne pouvez, mademoiselle, ajouta Mme Billikin en s’adressant à Rosa sur le ton du reproche, vous ne pouvez véritablement placer un premier et encore moins un second étage, au niveau d’un rez-de-chaussée. Non, cela ne vous est pas possible, mademoiselle, vous ne sauriez le faire, et en ce cas pourquoi l’essayer ? »

Mme Billikin dit cela aussi sérieusement que si Rosa avait manifesté la ferme détermination de défendre cette thèse insoutenable.

« Pouvons-nous visiter ces chambres, madame ? demanda le tuteur.

— Monsieur Grewgious, répondit Mme Billikin, vous