Page:Dickens - Le Mystère d'Edwin Drood, 1880.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Menez-moi à l’échafaud si vous voulez, mais tant que je vivrai, je serai franche.

— Quels appartements avez-vous, madame ? demanda M. Grewgious d’un air aimable, car il voulait dissiper certain air roide et sévère qu’il avait remarqué chez Mme Billikin.

— Voici ce salon que vous pourrez, si cela vous plaît mieux, appeler le parloir. Vous voyez qu’il est situé sur le devant de la maison, mademoiselle, dit Mme Billikin engageant ainsi Rosa dans la conversation. Le parloir sur le derrière est celui où je me tiens, et j’entends ne le quitter jamais. Il y a deux chambres à coucher dans le haut de la maison, elles sont éclairées au gaz. Je ne vous dirai pas que les planchers de ces chambres sont bien solides, car ils ne le sont pas, mais les réparer serait dépasser les dépenses que je peux faire n’étant que principale locataire à l’année. Les conduits des eaux passent sous ces planches ; c’est une circonstance qu’il vaut mieux vous faire connaître. »

M. Grewgious et Rosa échangèrent des regards qui exprimaient bien quelque déplaisir, et cependant ils n’avaient pas la moindre idée des horreurs latentes que pouvait comporter cette façon de conduire les eaux.

En même temps, Mme Billikin portait la main sur son cœur, comme pour témoigner qu’il était soulagé d’un grand poids.

« Bien ! La toiture du moins est en bon état, sans doute ? dit M. Grewgious s’armant d’un peu de courage.

— M. Grewgious, répondit Mme Billikin, si je venais vous dire que ne rien avoir au-dessus de soi, c’est être bien couvert, je risquerais de vous tromper, et je ne voudrais pas le faire, non, monsieur. Les ardoises se disjoignent pendant la saison où le vent souffle avec violence. Je vous défie, quoi que vous fassiez, de retenir ces ardoises à leur place. »

En cet instant Mme Billikin, qui avait montré un peu de précipitation en s’adressant à M. Grewgious, se ravisa et voulut essayer d’user de l’ascendant moral qu’elle croyait exercer sur lui.

« En conséquence, continua-t-elle avec plus de dou-