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« Héléna !… Héléna Landless !… Êtes-vous là ?

— Qui m’appelle ?.… N’est-ce pas Rosa ? »

Et un autre charmant visage fit son apparition à la croisée.

« Oui, c’est moi, ma chérie !

— Mais, comment êtes-vous ici, ma chère bonne amie ?

— Je… je ne le sais vraiment pas bien complètement, dit Rosa en rougissant, à moins que je ne rêve ! »

Pourquoi cette rougeur sur ce joli minois aussi frais que toutes ces fleurs ?

La couleur écarlate était-elle un fruit naturel de ce pays magique ?

« Moi, je ne rêve pas, dit Héléna en souriant, je vous en prie, dites-moi comment nous nous trouvons réunies, ou si proches l’une de l’autre, et d’une manière si inattendue ? »

Bien inattendue, en effet, au milieu des combles et des cheminées, dans la vieille maison qui portait les fameuses initiales P. J. T., et sous ce jardin aérien.

Rosa, revenant à elle, exposa rapidement les faits et tous les comment et pourquoi sur cette rencontre.

« Et M. Crisparkle est ici ! dit Rosa arrivant tout à coup à une conclusion singulièrement brusque. Et le croiriez-vous ? Il lui avait sauvé la vie.

— Je puis tout croire, dans ce genre, de M. Crisparkle, » répondit Héléna le visage couvert d’une épaisse couche de rougeur.

On rougissait décidément beaucoup dans ce jardin aérien.

« Oui, mais ce n’est pas M. Crisparkle qui a sauvé l’autre, dit Rosa, s’empressant de faire une correction à son récit.

— Je ne comprends plus, mon amour.

— C’est bel et bien M. Crisparkle lui-même qui a été sauvé. Si vous l’aviez vu tout à l’heure exprimer la haute opinion qu’il a de M. Tartar. Car enfin c’est à M. Tartar qu’il doit d’être encore en vie. »

Les yeux noirs d’Héléna se fixèrent très-attentivement sur le beau visage qui brillait au milieu des fleurs, et elle demanda d’un ton plus bas et d’un air pensif :