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CHAPITRE XXII

L’état des choses s’embrouille


Les pièces composant l’appartement de M. Tartar étaient les plus nettes, les plus propres et les mieux ordonnées qu’on pût voir sous le soleil, la lune et les étoiles.

Les planchers avaient été frottés avec une énergie rare, et les cuivres si bien polis qu’ils avaient le brillant d’un miroir de métal.

Pas une tache, pas une moucheture, pas une éclaboussure ; le mobilier de M. Tartar éblouissait le visiteur.

Son salon ressemblait à la cabine d’un amiral, sa salle de bain à une laiterie, sa chambre à coucher toute garnie d’armoires et de tiroirs rappelait la boutique d’un marchand de graines, et son hamac, suspendu au milieu de la chambre, se balançait comme un nuage blanc.

Chacun des objets appartenant à M. Tartar avait sa place déterminée ; ses mappemondes et ses cartes, ses livres, ses brosses, ses habits, ses porte-bouteilles, ses télescopes et tous ses instruments de marine étaient rangés dans un ordre merveilleux, et tout cela était facilement accessible.

Les étagères, les tablettes et les tiroirs étaient également sous la main et disposés en vue de ne pas prodiguer le terrain et de ménager quelques pouces d’arrimage.

Bon brillant petit service d’argenterie était si bien arrangé sur son buffet qu’on apercevait du premier coup les petites cuillers à sel.

Ses ustensiles de toilette étaient si bien disposés sur sa table de toilette, qu’un cure-dent aurait sauté aux yeux.

Il en était de même des objets de curiosité qu’il avait rapportés de ses nombreux voyages.