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rien sur les pourquoi ni les comment, dit M. Tartar. Mais moi aussi, je comprends votre but, ainsi donc laissez-moi vous dire à l’instant que mon appartement est à votre disposition.

— Voilà ! s’écria M. Grewgious en se caressant la tête d’un air triomphant. Maintenant nous avons tous compris l’idée. Vous l’avez comprise aussi, ma chère ?

— Je le pense, dit Rosa en rougissant un peu, vu que M. Tartar avait dirigé un rapide regard de son côté.

— Vous traversez Staple Inn avec M. Crisparkle et M. Tartar, reprit M. Grewgious ; vous montez avec ces messieurs à l’appartement de M. Tartar, vous donnez un coup d’œil aux fleurs de son jardin, vous attendez là que Mlle Helena se montre, ou vous la faites prévenir que vous êtes là tout près. Vous avez votre entretien avec elle et l’espion est confondu.

— J’ai fort grand’peur d’être…

— D’être quoi, ma chère ? demanda M. Grewgious en la voyant hésiter. Vous n’êtes pas effrayée ?

— Non, ce n’est pas cela, dit Rosa timidement. J’ai peur d’être une cause de grand dérangement pour M. Tartar. Nous semblons prendre possession de son appartement comme si c’était notre bien.

— Je vous déclare, répondit ce gentleman, que mon logis me semblera embelli pour toujours, si votre voix s’y fait entendre seulement une fois. »

Rosa, ne sachant que répondre à cela, baissa les yeux et, se tournant vers M. Grewgious, lui demanda respectueusement si elle pouvait mettre son chapeau.

M. Grewgious étant d’avis qu’elle ne pouvait rien faire de mieux, elle sortit à cette intention.

M. Crisparkle saisit l’occasion opportune de faire à M. Tartar un exposé sommaire de la position pénible et difficile de Neville et de sa sœur.

Le temps ne lui manqua point, car il se trouva que le chapeau de Rosa avait besoin de quelques petites retouches.

Enfin on sortit.

M. Tartar donnait le bras à Rosa et M. Crisparkle ouvrait la marche à une certaine distance, comme un éclaireur.