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Quand Rosa eut fini de parler, il resta un moment assis, grave, silencieux et pensif.

« Très-clairement raconté, se contenta-t-il de dire enfin, et j’espère que vous voilà tout à fait tranquille à présent. »

Il passa de nouveau ses mains sur sa tête.

« Regardez, ma chère, ajouta-t-il en la conduisant près d’une fenêtre ouverte, c’est là qu’ils habitent… Ces fenêtres non éclairées que vous voyez là-bas.

— Je pourrais aller demain voir Héléna ? demanda Rosa.

— J’aimerais à dormir cette nuit sur cette question, répondit-il d’un air plus indécis. Mais laissez-moi vous conduire prendre le repos, dont vous devez avoir besoin. »

Sur ce, M. Grewgious l’aida à remettre son chapeau, il passa sous son bras le petit sac de nuit, bien insuffisant au point de vue de la satisfaction des besoins terrestres, et, la prenant par la main avec une importante maladresse, comme s’ils se disposaient à danser un menuet, il lui fit traverser Holborn et l’introduisit dans l’hôtel Furnival.

À la porte de l’hôtel il s’arrêta, la confia aux soins de la première femme de chambre, munie de pouvoirs illimités, et lui dit que tandis qu’elle monterait pour voir sa chambre, il attendrait.

Peut-être désirerait-elle que cette chambre fût changée pour une autre, peut-être allait-elle s’apercevoir qu’il lui manquait quelque chose.

Mais la chambre de Rosa était aérée, propre, confortable, et presque gaie.

La femme de chambre, aux pouvoirs illimités, avait mis à la disposition de la jeune fille tout ce qui avait été oublié dans le petit sac de nuit.

Rosa redescendit vivement l’escalier, pour remercier son tuteur de ses soins prévoyants et affectueux.

« Pas du tout, ma chère, dit M. Grewgious tout à fait ravi, c’est à moi de vous remercier de votre charmante confiance et de votre douce compagnie. Votre déjeuner sera préparé dans un joli et gracieux petit salon, approprié à votre jolie personne, et je viendrai vous voir demain, à dix heures du matin. J’espère que vous ne vous trouverez pas trop dépaysée dans cette maison étrangère.