de poisson salé, de jambon fumé, se rendit sans chapeau à l’hôtel Furnival, où il donna ses ordres.
Bientôt après, ils furent exécutés et la table fut mise.
« Bénédiction du ciel ! s’écria M. Grewgious, en y déposant la lampe et en prenant un siège en face de Rosa ; quelle tentation nouvelle pour un pauvre vieux anguleux comme moi. »
Une contraction expressive des sourcils chez Rosa lui demanda ce qu’il voulait dire.
« Quelle sensation ! Eh ! vraiment, la présence d’une douce et jeune créature qui fait resplendir les plafonds et étinceler les murailles ; tout ici a déjà pris un éclat glorieux ! dit M. Grewgious. Ah ! pauvre moi !… pauvre moi !… »
Il y avait quelque chose de si triste dans son soupir, que Rosa s’aventura doucement à le toucher du bout de ses petits doigts.
« Merci, ma chère, dit Grewgious. Maintenant, causons.
— Vous vivez toujours ici, monsieur ? demanda Rosa.
— Oui, ma chère.
— Et toujours seul ?
— Toujours seul : sauf que dans la journée j’ai la compagnie d’un gentleman du nom de Bazzard, qui est mon clerc.
— Il n’habite pas ici ?
— Non, il s’en va à l’heure où ferme l’étude. D’ailleurs il n’est pas en fonction pour le moment, et une autre étude placée à l’étage au-dessus me fournit temporairement quelqu’un pour le remplacer. Mais il serait excessivement difficile de remplacer définitivement M. Bazzard.
— Il doit être fou de vous, dit Rosa.
— Si cela est, il renferme ses sentiments avec une fermeté exemplaire, répondit M. Grewgious, après avoir un peu réfléchi ; mais je doute qu’il m’aime à ce point. Non ! Voyez-vous, il n’est pas content de son sort, le pauvre garçon !
— Pourquoi n’est-il pas content ?
— Il n’est pas à sa place, » reprit M. Grewgious, d’un air de grand mystère.