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« Hiram Grewgious, esquire, Staple Inn, à Londres, » c’était tout ce que Rosa savait de sa destination.

Mais cela lui suffit pour se faire conduire dans un cab, à travers les rues où la foule se pressait pour respirer un peu de plein air.

Mais on n’en trouvait point sur les pavés brûlants.

Rosa remarqua que tout ce qui l’entourait avait l’aspect misérable.

C’était un pauvre quartier.

Çà et là on entendait des musiques lointaines : cela n’égayait point la situation.

L’orgue de barbarie, le tambour de basque n’ont pas toujours le privilège de chasser les soucis ; pas davantage les cloches des chapelles qui éveillaient des échos dans les vieilles briques de ces demeures chétives.

Le bruyant véhicule qui portait la jeune fille s’arrêta enfin devant une porte bien fermée ; on reconnaissait le logis d’un homme qui se mettait au lit de très-bonne heure et qui avait peur des larrons.

Rosa, après avoir renvoyé sa voiture, frappa timidement à cette porte et fut introduite dans la cour, elle et son mince bagage, par un watchman.

« Est-ce ici que demeure M. Grewgious ?

— M. Grewgious habite ici, mademoiselle, » dit le watchman en indiquant l’un des corps de logis.

Rosa s’avança, et au moment où l’horloge sonnait dix heures, elle se trouva sur le seuil de la porte surmontée des lettres P. J. T.

Elle se demandait ce que signifiaient ces lettres fatidiques : P. J. T.

Guidée par le nom de M. Grewgious imprimé sur la muraille, elle monta à l’étage supérieur et frappa doucement encore et plusieurs fois à la porte.

Mais personne ne répondant, et le bouton cédant sous l’effort de sa main, elle entra et vit son tuteur assis dans l’embrasure d’une fenêtre ouverte.

Une lampe à abat-jour brûlait posée sur une table, fort loin de lui.

Rosa s’approcha dans la demi-obscurité de la chambre ; il la reconnut et dit à demi-voix :