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CHAPITRE XIX

Une ombre sur le cadran solaire


Une fois encore, Mlle Twinkleton avait prononcé son allocution d’adieu, avec accompagnement de vin blanc et de pâtisserie ; une fois encore, les jeunes pensionnaires s’étaient séparées pour aller passer leurs vacances dans leurs familles.

Helena venait de quitter la Maison des Nonnes pour partager la fortune de son frère, et la jolie petite Rosa était seule.

Cloisterham est si brillant et si ensoleillé dans ces beaux jours d’été que les murailles gigantesques de la cathédrale et les ruines du monastère en semblent comme transparentes.

La douce lumière qui les éclaire semble plutôt venir de l’intérieur que du dehors, et les vitraux jettent une flamme éclatante qu’admirent de loin ceux qui passent sur la route poudreuse.

Les jardins de Cloisterham regorgent de fruits, et les pèlerins exténués s’abritent par bandes bruyantes dans la ville.

Ce sont les ouvriers des champs menant la vie nomade entre le temps de la fenaison et celui de la moisson ; on voit bien qu’ils sont faits de la poussière de la terre, ils en sont tout blancs.

Ils s’installent à l’ombre sur le pas des portes et raccommodent en famille leurs chaussures entourées de tresses de paille.

À toutes les fontaines publiques on voit ces troupes de bédouins rafraîchir leurs pieds nus, boire dans leurs mains et faire leurs ablutions tardives.

Cependant la police de Cloisterham prend des airs