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somme de trois sous, à lui due par M. Durdles, qu’il avait vainement cherché de tous les côtés pour lui réclamer le payement de ses gages légitimes.

Tandis que le gentleman maçon, son paquet sous le bras, cherchait lentement et comptait l’argent, M. Sapsea renseigna M. Datchery sur les habitudes de Durdles, sa profession, son domicile et sa renommée.

« Je suppose qu’un étranger curieux pourrait aller voir vous et vos œuvres, M. Durdles, dit M. Datchery qui semblait alléché par les renseignements du maire.

— Tout gentleman peut venir voir Durdles le soir, s’il apporte avec lui des rafraîchissements pour deux, répondit Durdles tenant un sou double entre ses dents et quelques sous dans ses mains ; et s’il lui plait de doubler la ration, il sera doublement le bienvenu.

— J’irai. Maître Deputy, que me dois-tu ?

— Une corvée.

— Songe à me payer honnêtement cette corvée en me conduisant à la demeure de M. Durdles, quand il me plaira d’y aller. »

Deputy lança un sifflement strident entre ses dents absentes.

C’est ainsi qu’il payait ses dettes.

Après quoi il s’évapora.

Le magistrat vénéré et son admirateur continuèrent leur route ensemble, et enfin se séparèrent, après beaucoup de cérémonies, à la porte du maire.

L’admirateur, à ce moment, portait encore son chapeau sous le bras et exposait sa chevelure grise à la brise du soir.

M. Datchery se dit à lui-même en examinant sa tête blanche dans la glace du café et tout en arrangeant ses cheveux :

« Pour un simple particulier d’humeur tranquille et vivant paresseusement de son revenu, j’ai eu, ce me semble, une après-midi passablement occupée. »